1911-11
Pour le spirituel, Châtel de Joux dépendait de la paroisse de Clairvaux. Il fut, dès le principe, et jusqu’au Concordat de 1801, l’un des douze villages qui, sans compter la ville même constituaient alors cette paroisse. Mais il eut sa chapelle dès le XVe siècle.
« Guillaume de Villersexel, seigneur de Clairval les Vandains affectionnait le séjour de son château de Joux, il y résidait très souvent. Le 4 novembre 1427, il y fonda une chapelle en l’honneur de St Jean Baptiste et de Saint Claude et y attacha un prêtre pour la desservir. »
Cette chapelle fut-elle bâtie dans l’intérieur du château ? Le fut-elle à l’emplacement actuel où la tradition place le repos de Saint-Claude ? (Voir la chapelle.) Ou bien y eut-il deux chapelles l’une au château pour le service du seigneur, et l’autre au village pour celui des habitants ? Il semble plutôt qu’il n’y en eu qu’une seule, bâtie par Guillaume De VILLERS à l’emplacement actuel pour le service du châtelain et des manants. L’annuaire de Franche Comté de 1785 note : « Le château est ruiné, la chapelle du village d’abord bénéficiale à cessé de l’être depuis son union au couvent des Carmes de Clairval les Vaudain, qui y ont célébré pendant deux siècles une messe basse chaque jour de fête et dimanche. » Donc, dès le départ elle fut bénéficiale comme celle fondée par Guillaume De VILLERS et ensuite desservie pendant deux siècles par les Carmes ce qui fait remonter son origine au XVème siècle, toutes choses nous faisant conclure qu’elle était bien la chapelle élevée par la piété du seigneur.
Quoiqu’il en soit, vers 1750, la chapelle retomba sous la gouverne directe du curé de Clairvaux de la paroisse dont elle dépendait. Les familiers ou les vicaires de Clairvaux continuèrent de servir les dimanche et les jours de fête moyennant une compensation financière de la commune de Châtel de Joux. Une délibération du conseil municipal nous indique en quoi consistait cette redevance à l’époque.
« L’an 1791 le 24 octobre, le conseil municipal examinant les comptes, dettes et charges de la communauté reconnaît avoir :
Premièrement, cent cinquante livres pour le gage du desservant qui vient nous dire une messe toutes les fêtes et dimanches annuellement cy 150 livres
Deuxièmement vingt et une livres quatre sols pour prix de rente due à MM les familliers de Moyrans cy 21 livres
Sixièmement, 9 livres 10 sols tant pour principale des comptes des corvées de paroisse que les frais faits à ce sujet, cy 9 livres 10 sols
Huitièmement 21 livres 15 sols pour les corvées de la paroisse cy 21 livres 156 sols. »
A l’exception du clocher qui est de construction récente, ne remontant qu’au milieu du XIXème siècle, la chapelle dans sa construction actuelle date du XVIéme siècle. Il n’y avait pour tout beffroi, au-dessus de la porte d’entrée, qu’une pierre taillée à jour, telle qu’on en voit encore dans les anciennes chapelles comme celle de St Roch à Clairvaux. Mais accident ou vétusté, ce petit beffroi est tombé lors de la réouverture des églises et chapelles. C’est pourquoi on vit pendant bien des années un tilleul au tronc évidé par l’âge et aux puissantes ramures, servir de beffroi à la petite cloche de la chapelle.
La croix qui domine le chemin à coté de la chapelle, marque à peu près la place du tilleul tombé sous le coup et le poids des ans.
Voici l’inscription, les emblèmes et la date de fonte de la cloche de la chapelle. « Sancte Claude Ora Pro Nobis – J’appartiens aux habitants du Château De Joux – Jean Lesne Publy, parrain et Eschevin et marraine F. Dronier, femme Paretier, 1690. » Cette cloche mesure environ 0.70 cm de diamètre au bas sur 0.80 cm de hauteur.
Son ornementation comprend :
Des séries de filets
Au-dessous de la calotte deux bas-relief représentant d’un coté Saint-Claude et de l’autre Saint-Jean Baptiste
Dans le bas, deux autres bas reliefs figurant le premier la croix avec aux pieds Marie et Saint-Jean, le deuxième, la Vierge tenant dans ses bras l’enfant Jésus.
La chapelle de Châtel de Joux n’était pas rattachée à celle d’Etival et qu’elle ne le fut qu’en 1803, ce texte nous le prouve.
PETITION OU DELIBERATION POUR OBTENIR LE DEMEMBREMENT DE CHATEL DE JOUX
« En la maison commune de la Crochère, près midi de la seconde décade de frimaire de l’an second de la république française (10 octobre 1793), le conseil général de la commune étant assemblé à la manière ordinaire et Louis le procureur de la commune qui a représenté que la totalité des habitants de lad’ commune se plaignaient de l’éloignement du chef lieu de leur paroisse, qui est Clervaux au district d’Orgelet, d’ou ils sont éloignés de 3657 toises et toujours en traversant une forêt qui a plus de 2000 toises de longueur, dont la traversée est très dangereuse, tandis qu’ils ne sont éloignés de l’église paroissiale d’Etival au district de Saint Claude que de 1400 toises et toujours par une belle route, que le hameau de La Crochère qui est composé de cinq maisons et ménages est encore plus près d’Etival, car l’éloignement ne s’étend pas au-delà de sept à huit cent toises et toujours dans une plaine et sur ce entendu le vœux général de tous les habitants de tout sexe, d’ou il est résulté qu’à l’unanimité des suffrages qu’il était instant de demander à l’administration supérieure à ce que la ditte commune fut autorisée à se dismembrer de la paroisse de Clervaux et se réunir a celle d’Etival sous le bon vouloir et consentement du citoyen Evêque du Jura (Moïse) et des communes composant la paroisse d’Etival et du citoyen Bonguyot curé audit Estival à qui la présente délibération sera communiquée. Sur quoy délibérant, le conseil général de la dite commune, il a été arrêté à l’unanimité des suffrages que le procureur d’ycelle donnerait une pétition à l’administration supérieure, pour être autorisé à dismembrer la commune de la Crochère, ainsi que le hameau de la ditte Crochère de la paroisse de Clervaux et à se réunir à la paroisse d’Etival et à cet effet faire toutes les démarches nécessaires ainsi fait et délibéré les ans ci dessus. »
Cette délibération du conseil, et la pétition, présenté aux autorités supérieures n’eurent pas de suite.
La chapellenie de Châtel de Joux n’était pas une chapellenie proprement dite comme celle d’Etival, avec fonts baptismaux, cimetière et vicaire chapelain résidant. Tous les baptêmes, mariages et enterrements se faisaient à Clairvaux.
BAPTEMES
A l’exception de quelques uns fait à la chapelle d’Etival, par exemple les années 1716, 1723, 1726, 1727, 1733, tous les baptêmes de Châtel de Joux et de La Crochère se font à Clairvaux. Cependant, tous les nouveaux nés de Châtel de Joux et de La Crochère furent durant 200 ou 300 ans baptisé le jour de leur naissance ou le lendemain au plus tard comme on peut le constater sur les registres de catholicité de la paroisse de Clairvaux.
MARIAGES
Quelques mariages se firent à la chapelle de Châtel de Joux avec la permission expresse du curé de Clairvaux. Un mariage le 11 mai 1670, un autre le 4 février 1695, avec autorisation spéciale de M. CORDELIER, curé de Clairvaux, fait par M. Deicola Eusèbe BUSSON, docteur en théologie, vicaire de Clairvaux. Deux autre en un même jour en 1697, par « Messire André Grand, y desservant et par ma permission JC. Cordelier, prêtre curé de Clairval les Vaudains. »
INHUMATIONS
Elles se faisaient toutes à Clairvaux : « le 4 février 1753, Denis Benoît Guiot, granger à La Crochère, mourut âgé de 100 ans et fut inhumé au cimetière de Clairvaux les Vaudains »
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