Famille de Ronchaux

1912-05         PRÉVÔTÉ

Le prévôt était à l’origine le représentant du souverain dans un petit district. Il était officier de guerre chargé d’exercer les hommes au maniement des armes et de défendre à leur tête le canton menacé. Il était le magistrat qui rendait la justice dans les affaires mineures. Il était également le collecteur d’impôts chargé de recueillir les redevances dues au souverain.
Dans les époques d’invasions comme au IXème et au Xème siècles, le statut de défenseur local était sans doute le plus important. Au XIIIème siècle, la fonction de rendre la justice est la principale. Toutefois il faut bien remarquer que les pouvoirs juridiques des prévôts étaient très limités. Ils étaient dans leurs districts ce qu’étaient les juges de paix dans les cantons.
Les causes de Haute-Justice étaient portées directement devant le Cellérier pour le bâty de Saint-Oyand, devant le châtelain, pour le bâty de Moirans. Et puis on pouvait toujours faire appel de la sentence du prévôt au Cellérier ou aux autres juges supérieurs.
A l’origine, l’abbé de Saint-Claude choisissait les prévôts parmi les colons les plus notables de chaque localité. Il paraît même qu’il faisait le serment de ne pas confier la charge de prévôt à des étrangers.
Les prévôts furent d’abord, comme tous les officiers publics, révocables à volonté, puis ils devinrent peu à peu, avec l’organisation du régime féodal, irrévocables et à vie, pour devenir à la fin héréditaires.
A l’origine, le nombre des prévôts et le district de chacun d’eux n’étaient pas déterminés, l’abbé établissait autant de prévôts qu’il le jugeait nécessaire et assignait à chacun d’eux son département. Plus tard le nombre des prévôts fut fixé, chacun eut un district invariablement délimité. On comptait au moyen-âge une dizaine de prévôts établis dans le bâty de Saint-Oyand, cinq dans le bâty de Moyrans, dont la prévôté des Ronchaux.
Les prévôts vivaient des revenus de leurs terres. La plupart avaient aussi quelques redevances qui leur avaient été concédées par l’Abbé. Ainsi, le prévôt des Ronchaux avait le droit d’exiger un petit fromage dans chaque famille, ainsi qu’une demi-charrue, celui de chasser et de pêcher sur le territoire et d’avoir une chapelle seigneuriale dans l’Eglise de Soucia.
Les familles nobles de l’Europe doivent leur origine à des officiers publics participants à la défense locale et à l’exercice de la justice. Or, les prévôts de la terre de Saint-Oyand avaient pour emploi de commander la force armée et de rendre la justice. C’est pourquoi lorsque leur tâche devint héréditaire, ils donnèrent naissance à des familles nobles. Ces familles portaient généralement le nom des localités où elles exerçaient leur prévôté, comme les familles De MOYRANS, De VIRY ou De RONCHAUX.

Une prévôté existait à Etival et aux Ronchaux avant l’acte d’inféodation de 1234. « Elle était possédée depuis la fin du XIIème siècle par une famille du nom de Ronchaux. »
Or il y avait dès l’origine un meix important avec grange, nommé ROCHA – ROCHAL – ROCHAUX, au lieu-dit actuellement « Le Ronchaux. » En bas « Des Levées » et un peu à gauche en allant vers Saint-Claude par la voie ancienne, on pouvait voir les vestiges du « Chazal De La Grange », ou « Maison du Ronchaux. » Ce fut sans aucun doute le colon de ce meix que l’Abbé choisit comme prévôt de la région. Ce prévôt prit ainsi le nom de la terre qui lui fut concédée, d’où est sortie une première famille De RONCHAUX.

FAMILLE DE RONCHAUX  (Blason et documents complémentaires.)

– François De RONCHAUX. Il possédait en 1439 la prévôté des Crozets qui lui avait été inféodée par l’abbé de Saint-Claude. Il la transmit avec le domaine en dépendant à la famille De CHARNAGE.

– Guillaume De RONCHAUX qui comparait le 15 mai 1449 comme témoin pour Guillaume De VILLERSEXEL seigneur de Clairvaux dans son accord avec Etienne FAUQUIER, abbé de Saint-Claude, au sujet de la terre de Prénovel et des Piards. Il signe : Guillaume De RONCHAUX, châtelain de Château de Joux.

– Emard De RONCHAUX qui eut pour fils Guillaume De RONCHAUX et Catherin De RONCHAUX.

– Guillaume De RONCHAUX, le 9 janvier 1535 au prieuré d’Arbois «  a fait hommages et devoirs de fiefs et serment de fidelité à Messir Pierre de la Beaume, abbé de Saint-Oyand, à cause des biens et chevances qu’il tient es lieux de Ronchaut, Estival et Meussia. »

– Catherin De RONCHAUX tenait de son père la terre de Trétu, il eut pour fils Jean-Baptiste, Adrien et Philibert De RONCHAUX. Jean-Baptiste De RONCHAUX et Adrien De RONCHAUX, frères et cotuteurs de leur frère Philibert De RONCHAUX, font hommage « le 30 juillet 1584, au château de la Tour du May à Joachin de Rye, abbé de Saint-Claude, pour la moitié des seigneuries de Ronchault et Estival, « indivise pour l’autre moitié », avec haut et puissant seigneur messir Jean de Bauffremont, chevalier, commandeur d’Alcantara, baron et seigneur de Clairvaux, etc. et de Châtel-de-Joux. »

– Jean-Baptiste De RONCHAUX, écuyer, porte aussi le titre de seigneur De Belchemin Nous voyons par la reconnaissance à terrier de 1591 à 1592, qu’il possédait beaucoup de terres à Etival et aux Ronchaux.

– Adrien De RONCHAUX, qui tenait la terre de Trétu de son père Catherin De RONCHAUX, la vendit le 14 juin 1600, à Girard De MARNIX, chevalier.
06-1912

Philibert De RONCHAUX et François De RONCHAUX, un autre de ses frères étaient en 1581 patrons et collateurs de la chapelle Sainte Catherine dans l’église de Dole. Philibert De RONCHAUX, vivait sûrement en 1591 et peut-être encore bien plus tard, étant le plus jeune des fils de Catherin De RONCHAUX.- Aimé et Claude De RONCHAUX, fils de Philibert De RONCHAUX et de Françoise De CHISSEY, que nous voyons en 1637, et avec qui s’éteint la ligne masculine de cette famille De RONCHAUX

– Anne De RONCHAUX, qui est peut être la nièce ou la sœur de Philibert De RONCHAUX, épousa Guillaume De FAVIER de Moirans.
« En 1631, Guillaume de Favier fournit au Seigneur de Châtel de Joux le dénombrement des châteaux, maisons fortes ,granges, prels, champs, curtils, vergiers, qu’il avait acquis et acheté du noble sieur Philibert de Ronchaux, sis et situés rière les villages de Ronchaux et Estival. »
Au registre à terrier de 1667, on trouve le sieur FAVIER porté comme acquéreur et héritier de Philibert De RONCHAUX, et aussi comme ayant droit de feu Jean-Baptiste De RONCHAUX, pour ses terres d’Etival.

Edme ou Aymé De FAVIER, fils unique de Guillaume De FAVIER, et d’Anne De RONCHAUX, n’eut lui-même qu’une fille unique qu’il maria à un sieur ROMANET de Moirans. Ce dernier n’eut également qu’une fille pour héritière universelle. Ce fut celle-ci qui en 1711, vendit à Henry MARESCHAL, marchand à Etival, ses terres de « La Crochère. »

Nous venons de voir : «Guillaume de FAVIER fournir en 1631 le dénombrement des châteaux, maisons-fortes, etc. »

Où pouvait bien s’élever ces châteaux et maisons-fortes? Aucun souvenir traditionnel, aucune dénomination proprement dite, aucun apparents du moins, ne fournissent de renseignements précis. Mais il semble que le « Mont Löys », (Louis, sans doute le nom de quelque châtelain oublié.), à l’extrémité nord-est du « Mont Paradis », offre l’emplacement favorable à semblable constructions féodales. Sa situation qui par la vallée des lacs commande La Crochère et les Ronchaux le terrassement actuel du côté nord-est qui parait même être les restes d’anciens murs, permet d’établir la quasi-certitude de l’existence d‘un château ou maison forte en cet endroit.

D’après ROUSSET dans le « Dictionnaire Historique du Jura » : «à l’extinction de la famille De Ronchaux, (ligne masculine), le fief de la Prévôté aurait été acquis par Philibert de Goussèrre, écuyer chevalier de Scey-su-Saône, qui le transmit à Antoine de Goussèrre son neveux. Toujours d’après ROUSSET, ce dernier le vendit en 1596 à Jean MARIGLIER, de Pontarlier et un peu plus tard, il fut acquit par Charles De LAUBESPIN, seigneur De RONCHAUX qui garda le fief de Prévôté jusqu’à l’extinction de la ligne masculine, (ce qui est naturel), elle le possédait sûrement sans doute en 1592, puisque à cette date ainsi qu’il est porté au terrier de 1667, Philibert De RONCHAUX et Jean-Baptiste De RONCHAUX en possédaient encore les terres. Il y a toute raison de croire que Philibert De RONCHAUX vécut plusieurs années encore au XVIIème siècle. De plus, il eut deux fils de Françoise De CHISSEY, son épouse, qui furent héritiers naturels de ses biens, et quelques années, du moins, héritiers de son titre de Prévôt. C’est pourquoi, il ne semble pas que les De GOUSSERRE aient possédé le fief de la prévôté, et encore moins Jean MARIGLIER écuyer, dont il n’est pas fait mention au terrier* de 1667, comme ayant eu des terres aux Ronchaux. On voit seulement ce Jean MARIGLIER écuyer, faisant en 1606 saisir et vendre la ferme de « La Lierre », possédée par une famille BUNOD.
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