1919-08
L’inventaire des biens de l’Eglise d’Etival en 1790 nous fait connaître en quoi consistait l’agrandissement de la chapelle primitive. Il porte que « le chœur et la Sacristie sont voutés en pierre, le tout batit à neuf et que la nef qui est très ancienne est voutée en bois » cette dernière n’est autre que la chapelle primitive.
Lors de l’érection de la chapellenie en paroisse (1780) la chapelle ainsi agrandie devint Eglise paroissiale. Elle eut à subir les profanations de la Révolution. Fermée quelques temps, elle fut transformée en atelier par des salpêtriers.
Nous verrons aussi comment les chrétiens de ce temps surent, non pas la rendre au culte, du moins en chasser les profanateurs et leurs ustensiles.
La chapelle eut aussi à subir les injures du temps et les suites d’une réparation qui n’avait pu être complète. Le chœur étant beaucoup plus élevé que la nef – dans l’espoir sans doute de reconstituer la nef sur le même plan -la pluie s’insinuait entre l’arc-doubleau du chœur et amenait ainsi la pourriture de la voute en bois et du plancher de foulé.
Ne pouvant être réparée, elle fut désaffectée en 1829 et vendue en 1831 à un particulier qui en fit une maison de culture.
Depuis elle a été convertie entièrement en appartements mais on a respecté les fenêtres romanes du chœur, au chevet duquel se voit encore la sacristie.
1919-09
Cloche de la chapelle
L’invention des cloches remonte à une très haute antiquité. Elles étaient en usage chez les Hébreux, les Egyptiens, les Grecs. D’après BAROMUS, l’usage des cloches pour annoncer les offices aurait été adopté dans l’église d’occident aussitôt après le triomphe du christianisme, c’est à dire au commencement du IVème siècle. Jean FINGER attribue cette innovation à Saint Paulin évêque de Nole en Campanie, mort en 431 : D’où le nom de « campaniles » donné aux petits clochers à jour et dans nos pays celui de « campaines » aux petites cloches ou clochettes qui, suspendues au cou des vaches, constituent un carillon champêtre des plus variés. Polydore VIRGILE attribue cette innovation au pape Sabinien (604), successeur immédiat de Saint Grégoire. Quoiqu’il en soit, en occident, l’usage des cloches était généralement établi au VIIIème siècle. Les premières cloches n’étaient pas très grosses, c’est seulement au XVème siècle que leur poids et leurs dimensions ont commencé à prendre des proportions considérables, Les grosses cloches, appelées bourdons de Reims, et de Rouen datent du siècle suivant.
Sans doute, dès l’érection de la chapelle d’Etival, il dut y avoir une cloche pour appeler les fidèles à la messe, annoncer par le carillons les baptêmes, et par le glas les morts. Que devint cette première cloche ? Aucun document ne nous le dit. Elle fut sans doute victime des guerres qui pendant près d’un siècle désolèrent la province et la terre de Saint Claude. Mais après l’annexion de la Franche-Comté, le pays commence à revivre et à se repeupler.
Obéissant à la voix de leur chapelains, les fidèles travaillent à la restauration de leur chapelle. En 1698, ils firent fondre une nouvelle cloche.
Henry MARESCHAL était alors chapelain, frère aîné et germain de Henry MARESCHAL dont Claudine BARRAUX, marraine de la cloche était l’épouse.
Cette cloche, qui a échappé aux fureurs de la Révolution, se fait entendre chaque jour à l’angélus. (Suite à la rubrique Eglise-Cloches)
L’antique chapelle de N.D. d’Etival comprenait le chœur et une seule nef. Elle possédait « un autel avec retable et tabernacle en bois sculptés et dorés » (œuvre d’après la tradition locale, d’un M. GRAND, sculpteur à Paris où sa tête tomba sous le couperet de la guillotine.) Il était le frère de l’abbé Claude GRAND.
« Sur le retable de l’autel en arrière de six flambeaux en cuivre se trouvaient deux reliquaires en bois également sculptés et dorés. »
La chapelle renfermait aussi « une chaire à prêcher en menuiserie, un confessionnal et des fonts baptismaux » comme ornementation et pour exciter la dévotion des fidèles, un tableau représentant l’Assomption de la Vierge patronne de la paroisse, un autre de Saint Pierre et un troisième l’Ecce Homo, tous trois peints en 1777 « à huile, sur bonne toile et en couleur par le peintre Prato, pour le prix et somme de quatre-vingt et quatre livres » De plus on y vénérait deux statues de Saints. Celle de Saint Dominique avec son rosaire, l’arme victorieuse contre les Albigeois et que nos ancêtres durent invoquer lors des incursions protestantes du XVème siècle. Celle de Saint Roch qu’on invoquait en temps de peste. Ce saint natif de Montpellier vivait au XIVème siècle. « S’étant dévoué au soin des pestiférés, il fut lui-même atteint et sentant approcher sa fin terrestre il demanda à Dieu que tous ceux qui seraient atteints de contagion pestilentielle et qui l’invoqueraient avec foi en fussent guéris. »
Le fait suivant est rapporté par l’histoire: En 1414 tout le pays de Constance en Suisse fut ravagé par la peste, alors tous les évêques rassemblés pour un concile général, suivis de tout le peuple firent une procession solennelle en l’honneur de St Roch et la statue du saint y fut portée ostensiblement et aussitôt la maladie cessa complètement
Le tabernacle avec retable, les reliquaires, les statues de Saint Dominique et de Saint Roch, le tableau de Saint Pierre se voient encore à la tribune de la sacristie de droite et l’Ecce Homo à celle de gauche de l’église actuelle.
Instruits par leurs chapelains, les fidèles d’Etival étaient profondément attachés à la religion. Le document qui suit en est la preuve.
«A sa Grandeur Monseigneur le Cardinal de Choiseul, Archevêque de Besançon, prince du St Empire… Supplie très humblement le sieur Daniel Roydor prêtre et vicaire à Etival et dit que depuis longtemps nombre de gens zélés dudit lieu le pressent d’établir en leur élise une confrérie en l’honneur du Très Saint Sacrement, une telle demande répond parfaitement au zèle et à la dévotion du suppliant et en conséquence il ne souhaite rien plus ardemment que de conduire à ce pieux établissement. A ces causes ledit suppliant a recourt, Monseigneur, à ce qu’il plaise à votre Eminence authoriser cet établissement, en donner les règles et fixer les avantages et il continuera ses vœux pour votre conservation. D. ROYDOR, prêtre. »
« Vu la présente requête, nous permettons au suppliant d’ériger dans sa paroisse la Confrérie du Saint Sacrement à charge de se conformer au statut en vigueur dans le diocèse pour semblables confréries, lui accordons les mêmes avantages dont elles jouissent. A Besançon le 12 avril 1766 GALLOIS, Vic. Général. »
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