1911-07
Seigneurs de Châtel de Joux
La terre de châtel de Joux dépendant de la seigneurie de Clairvaux , les seigneurs de l’autre lieu furent les mêmes.
Les premiers seigneurs sortaient de l’illustre famille des sires de Cuissel de l’antique race des Comtes de Bourgogne ,Les premiers qui paraissent comme seigneurs de Châtel de Joux furent Hugues et Ponce III de Cuisel , qui nous l’avons vu avaient bâti le château de Joux proche d’Estival
Ponce III de Cuisel eut dans son lot, Clairvaux et Châtel de Joux. De N .de Commercy son épouse, il eut Humbert 1er du nom qui lui succéda (Humbert 1er fut du nombre des seigneurs qui se confédérèrent en 1294 , pour empêcher le comte Otton de céder le Comté de Bourgogne au roi Philippe le Bel et fut compris dans l’amnistie que le roi accorda aux rebelles en 1301). A la fin de cette même année Humbert 1er mourut laissant Isabelle d’Avily son épouse deux filles Marguerite et Nicole pour ses héritières.
Suivant un partage fait en 1312 , Marguerite eut Clairvaux, Elle épousa Jean de Faucogney, sire de Villers-Sexel, d’une deus plus illustre maisons de la province; dont elle eut deux fils, Humbert et Aymon de Villers , grand archidiacre de Besançon.
Humbert II, dota richement la chapelle Ste-Catherine de Clairvaux et en 1345 y choisit sa sépulture ainsi que sa mère.
Il transmit la baronnie de Clairvaux à son fils Henri , Comte de la Roche et sire de Villers-Sexel (Ce fut Henri, sire de Villers-Sexel et de Clerveaux en Montagne, avec Jean sire d’Andelot et de Crilley « Crillat », qui accorda à la communauté de Saint-Maurice sa chartre d’affranchissement datée du 24 avril 1383.
Guillaume de Villers-Sexel, fils d’Henri, succéda à son père (Ce seigneur affectionnait le séjour dans son château de Joux ; il y résidait très souvent. Le 4 novembre 1427, il y fonda une chapelle en l’honneur de Saint-Jean Baptiste et de Saint-Claude, et y attacha un prêtre pour la desservir) Il fonda le couvent des Carmes de Clairvaux, le 28 novembre 1434.- Guillaume eut de Charlotte de Noyers son épouse deux filles, Claudine et Jeanne. Claudine épousa Olivier de Longvy et Jeanne, Guillaume de Bauffremont baron et seigneur de Scey, Chambellan du duc de Bourgogne. Tous deux se qualifiaient en même temps de Seigneurs de Clairvaux. L’adage héraldique des Bauffremont était « Clergie de Bauffremont » et leur cris de guerre « Dieu aide aux premiers chrétiens »
Cette maison prétendait remonter jusqu’a la naissance du christianisme.
Elle est mise en seconde place en un vieux manuscrit sur la noblesse du comté de Bourgogne
« Premier ,Montagu , Beffroymont,sont du pays les grands barons »
Charles de Bauffremont, baron de Scey, Sombernon….Fils aîné de Guillaume et de Jeanne de Villers-Sexel, devint seigneur de Clairvaux et Châtel-de-Joux comme héritier institué soit par son père, soit par son frère Pierre que Claudine sa tante avait adopté et fait héritier. Il fut nommé en 1468, chevalier de la toison d’or. Il épousa en premières noces Antoinette Pot, dont il n’eut pas d’enfant et en secondes noces Charlotte de Longvy, dont il n’eut qu’un fils nommé Claude. Il mourut le 7 avril 1513.
Claude de Bauffremont, baron et seigneur de Scey, Sombernon, Clairvaux…..né en 1506, épousa en 1526 Anne fille ainée de François de Vienne, seigneur de Listenois…etc et de Bénigne de Granson. Il fut chevalier en 1532
En 1519 Charles V (Charles Quint) roi d’Espagne fut élu empereur d’Allemagne cette élection fut pour toute la Comté un sujet de grandes réjouissances, les pics et les sommets de nos montagnes étaient embrasés le soir d’immenses bûchers.
Claude de Bauffremont mourut ainsi que son épouse vers l’année 1543, laissant 8 enfants sous tutelle.
1911-08
Jean de Bauffremont ,quatrième fils de Claude de Bauffremont, succéda à son père dans la terre de Clairvaux et de Châtel de Joux.
« Agé seulement de 14 ans ,à l’exemple de l’abeille et dans le printemps de son âge, il fit recueillir les fleurons de sy belles authorités et redevances desquelles les illustres prédécesseurs avaient jouis d’un temps immémoriale dans la baronnie de Clairvaux et membres en dépendants par ce sage et vertueux. notaire: Rolin Fromond ,en l’année 1548 »
Il fit renouveler
» ce mandatement à terrier en l’année 1584 par Me Philibert Bondien de Claivaux,homme de bonne fame (Bien famé)…..(Terrier 1667 préliminaires)
« Il fut nommé chevalier de l’Ordre d’Alcantara en Espagne, Commandeur de Losdiès-Mos, au royaume de Castille, Gentilhomme de la bouche du roi d’ Espagne, grand bailli et colonel d’Aval en Bourgogne. Il épousa en premières noces en 1559, Anne de Poupet, qui mourut en 1562, n’ayant eu qu’une fille morte avant sa mère, Jean de Bauffremont se remaria en 1566 avec Béatrix de Pontaillier. « Dans son testament fait au château de Clairvaux le 29 décembre 1579, il fait mention de son épouse et de ses sept filles auxquelles il assure des dots et nomme pour héritiers Claude et Guillaume de Bauffremont ses fils.
(Joachim n’était pas encore né.) Il mourut en 1606, Claude se fit prêtre et légua sa fortune à Joachim,son frère. Une des filles de Jean de Bauffremont épousa en 1590 Jérôme d’Achey, chevalier, baron de Thoraise, qui devint gouverneur de Gray en 1613.
De grande distinction personnelle, et d’une haute piété, noble Dame d’Achey acheta pour une aumône de 40 sols, d’une dévote fille de Salins, Jeanne Bonnet, une petite statue de la Vierge que celle-ci avait fait sculpter dans un morceau du chêne miraculeux de Montaigu,(Belgique) par Jean Brange ,sculpteur à Saint-Claude. Cette madone fut d’abord dextrement et en saint respect exposée dans l’oratoire privé du château. Puis après la mort de son mari, (6 janvier 1166),dont les derniers moments avaient été merveilleusement adoucis par la vénération de la Madone, Dame de Bauffremont en fit don au couvent des Capucins de Gray.
C’est à partir de cette époque que commença la série des miracles qui, pendant trois siècles, ont rendu célèbre Notre-Dame de Gray. Signalons seulement celui qu’elle fit en 1628 et 1629 en faveur des villes de Dôle et de Salins, qu’elle délivra toutes deux de la peste. Echappée aux profanations de l’époque révolutionnaire, la Madone vénérée, le calme revenu, fut placée dans l’Eglise paroissiale de la ville de Gray.
C’est là qu’en mai 1909,au milieu d’un grand concours de peuple et de fêtes splendides, Notre-Dame de Gray fut magnifiquement couronnée par Mgr l’Archevêque de Besançon. A cette occasion, le prince de Bauffremont l’un des descendants de la famille de Rose de Bauffremont, qui acheta la statuette miraculeuse, a offert à Mgr l’ Archevêque, une couronne très artistique.
Par une attention délicate, il a voulu que cette couronne soit déposée dans le reliquaire renfermant l’image. Voici la description de ce remarquable bijou : Le bandeau contient trois grenats et trois saphirs, entre deux bandes de diamants; les six palmettes sont ornées de bandes de diamants et sont surmontées d’un gros diamant qui lui-même, porte une petite croix en diamant, le tout est monté en or massif et porte à l’intérieur, l’inscription suivante: « Offerte à N.D de Gray par le Prince-Duc Eugène de Bauffremont, mai 1909 » Les bons barons de Bauffremont n’ont pas dégénéré. Que Notre-Dame de Gray protège notre chère paroisse d’ Etival.
« Joachim de Vienne dit de Bauffremont, succéda à son père Jean de Bauffremont, dans la terre de Clairvaux. Il mourut en 1635, laissant sept enfants de son mariage avec Margueritte de Rye de la Palu.
Il eut pour successeur son fils Claude Charles, qui fut tué en 1651, dans une émeute à Ornans. Avant de mourir il avait par testament, institué pour héritier Claude, fils de Guillaume de Bauffremont, son cousin germain. Ce seigneur mourut le 22 septembre 1670, universellement aimé, estimé et regretté. Charles-Louis de Bauffremont, son fils lui succéda. Ce seigneur mena en Flandre en 1656,quatre régiments d’infanterie et deux de cavalerie, qu’il avait levés pour le service du roi d’Espagne et se trouva à la bataille de Saint-Venant. »
Ce fut Charles-Louis qui en vertu d’un mandement octroyé par le parlement de Dôle, fit établir l’état des reconnaissances, droits et redevances du Seigneur de Châtel-de-Joux sur le territoire d’icelle et d’Estival et Ronchaux. Ce travail commencé en 1663 fut terminé pour Etival en 1667 et Châtel-de-Joux en 1669. Ce sont les deux mandatements à terrier où nous avons puisé la majeure partie des documents transcrits dans le bulletin paroissial.
Voici une partie de la teneur du mandatement du Parlement:
« Philippe, par la grâce de Dieu, Roy de Castille, de Naples, de Sicile, duc et comte de Bourgogne,etc… Au premier notaire, huissier ou sergent requis ,reçu avons l’humble supplication et requeste de notre très cher et féal Messire Charles-Louis de Bauffemont, marquis de Meximieux et de Listenois, Vicomte de Marigny, baron de Scey-sur-Saône, Clervaux, Durne, Monsaulgeon, seigneur de Rans, Pleurey, Charciey, Pusey et notre baillif d’Aval en nostre Comté de Bourgogne et Général de bataille en nos armées,connaissant qu’à luy compétent et appartiennent la baronnie et seigneurerie de Clairvaux, la seigneurerie de Châtel-de-Joux, Ronchaux, Estival et Prel-nouel et leurs dépendances à raisons desquelles baronnie et seigneurerie lui sont déheues plusieurs censes tailles ,prestations et redevances, assigné sur les héritages assis rière icelle; deplus luy appartenant plusieurs droits et authorités tant aud’Clervaux quès lieux dépendants de lad’terre ,desquelles il luy est nécessaire de faire renouveller reconnaissances tant en général quès particulier pour la conservation de ses droicts, attendu le changement survenu esd’baronniers et seigneureries et aux possesseurs des fonds assis rière icelle despuis les dernières guerres, pour ce sujet il nous suppliait très humblement luy octroyer mandatement et terrier…« (Terrier Estival et Ronchaux 1667 : Préliminaires)
Cet extrait non seulement nous donne les titres du seigneur de Châtel-de-Joux, mais nous apprend que le pays avait eu à souffrir de la guerre de dix ans.
Car nous savons que dans les années de 1636 à 1642 la terre de Saint-Claude, malgré la bravoure de ses défenseurs et particulièrement de Lacuzon, fut sillonnée et ravagée par les bandes de Bernardt de Sauveimard. Une partie des habitants avait dû périr ; nous aurons d’ailleurs à reparler de cette époque.
Charles-Louis de Bauffremont fit son testament le 5 avril 1682 et mourut au mois de septembre de la même année. Il avait achevé de réunir les biens de sa famille par son mariage avec Louise-Françoise de Bauffremont sa cousine, fille de Joachin.- Pierre de Bauffremont quatrième fils du précédent, succéda à son père .Il s’acquit une grande réputation militaire dans les campagnes qu’il fit en Flandres et en Allemagne et mourut à Paris au mois d’Août 1685, laissant deux fils Jacques-Antoine et Louis-Benigne.
Jacques-Antoine de Bauffremond, marquis de Listenois et de Clairvaux grand bailly d’Aval, colonel de dragons, brigadier des armées du roi de France, puis maréchal de camp, épousa en 1706 Louise-Françoise, fille de Louis, comte de Mailly. Leur contrat de mariage fut passé à Versailles, dans le cabinet de la duchesse de Bourgogne, en présence du roi et des princes. Il mourut en 1710 d’une blessure qu’il avait reçue au siège d’Aire en Flandres, ne laissant qu’une fille nommée Louise-Françoise, décédée au mois de mai 1716.
Pour comprendre un tel honneur de la part de Louis XIV à Jacques de Bauffremont, comme aussi les faveurs et les charges honorables octroyées à lui et à sa famille, il faut savoir que les de Bauffremont, pour un motif inconnu des historiens, s’étaient montrés dès le principe favorables à la conquête de la Franche-Comté par le roi de France.
Un des oncles de Jacques-Antoine, Claude-Paul de Bauffemont fut en effet du nombre des grands seigneurs qui avaient résolu de livrer la Province à Louis XIV.A un jour convenu, il voulut, à la tête de 60 gentilshommes et de 300 miliciens, recrutés dans la terre de Clairvaux, préparer par une insurrection l’arrivée des Français, qui déjà passaient la Saône.
N’ayant pu réussir dans ses projets sur la ville et la garnison de Poligny, il prit la campagne avec ses hommes, se fit battre par le commandant Massiette qui le poursuivit et le força de chercher un abri sur les bords de la Saône, occupés par les troupes du roi de France.
1911-09
Louis Bénigne, marquis de Bauffremond, Mirebeau, Clairvaux, Saint-Sorlin etc….grand bailli d’Aval, chevalier de la Toison d’Or, colonel de dragons et maréchal des camps et armées du roi, joignit aux biens de sa famille ceux de la riche succession de Gorrevod, comme descendant de Jeanne de Gorrevod.Il épousa en 1712,Hélène de Courtenay, fille de Louis-Charles ,prince de Courtenay. On sait que la maison de Courtenay descendait de Louis le Gros, roi de France, et qu’elle a donné des empereurs à Constantinople.
De cette illustre alliance sont nés :
-Louis, marquis de Beauffremont, mestre de camp du régiment de son nom;
-Charles Roger, marquis de Listenois, capitaine de dragons au régiment de son frère;
-Joseph, marquis de Mirebeau, lieutenant de marine;
–Pierre, marquis de Clairvaux, guidon des gendarmes Bourguignons.
Ces trois derniers étaient chevaliers de Malte.
-Après la mort de Pierre, Louis lui succéda dans la terre de Clairvaux. Ce puissant Seigneur qui se qualifiait de Prince de Bauffrenont et du Saint-Empire romain ,Lieutenant général des armées du roi, Gouverneur de Seyssel, Grand bailli d’Aval, Chevalier d’honneur au parlement de Besançon….. refusa de prêter serment, en présence de quatre chevaliers, de maintenir les franchises des habitants de Claivaux. Ces derniers ne craignirent pas d’employer la voie judiciaire, pour le contraindre à remplir cette formalité et obtinrent justice. C’est lui aussi que nous avons vu réclamer en qualité de Haut-Justicier, des baronnies et seigneuries de Claivaux, Saint-Sorlin, Châtel-de-Joux, le paiement de la part desd’habitants des’baronnies du droit d’aide aux quatre cas au sujet du mariage de sa fille Louise-Bénigne de Baufemond avec Joseph de Beauffremont marquis de Listenois, célébré en 1762.
« Le diplôme impérial, qui accorde le titre de Princes d’Empire à Louis de à ses frères, en date de 1757, a été produit au parlement le 15 novembre 1769, lors de la vérification des titres et qualités de Charles-Roger d’honneur en cette Cour. » qui succéda à son père en1770.
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