1921-02
Parvenus à leur fins bien légitimes, possédant un curé à eux, ayant depuis longtemps un recteur d ‘école, les habitants de cette nouvelle paroisse se reposaient de leur longue lutte, heureux et tranquilles, Mais hélas ils ne devaient pas jouir longtemps de cette paix et de ce bonheur.
Moins de dix ans s’écouleront et déjà ils entendront gronder jusqu’en leurs vallons écartés les premiers bruits de la Révolution qui doit fermer les Eglises et disperser les pasteurs légitimes. Nous avons déjà parlé de ces tristes temps
Nous avons mis sur le BULLETIN les entreprises de la Révolution à Etival :
Entreprises belliqueuses.
Levées d’hommes.
Réquisitions.
Faits de guerre.
Entreprises Administratives.
Élections diverses
Entreprise d ‘ordre intérieur
Garde nationale
Comité de surveillance
Nous arrivons aux
Entreprises religieuses, inventaire des biens d’Eglise serment des prêtre, fermeture des églises.
Sans autre réflexion j’arrive au 18 juin 1790, jour de l’inventaire des biens de l’église d’ Etival qui devait se renouveler le 21 février 1906.
» L’an 1790 le 18 juin, nous soussigné maires, officiers municipaux et procureurs de la commune d ‘Etival et de Ronchaux, Commisaires en telle part, en vertu du pouvoir à nous délégué par le district de St -Claude. Nous nous sommes rendus chez M.Roydor notre curé auquel nous avons déclaré qu’en exécution de l’article 12 des lettres patentes du 22 avril dernier, nous entendions inventorier les meubles, titres, et papiers dépendant de son bénéfice et l’avons requis à nous les présenter.
Le curé ayant accédé à notre demande, nous avons procédé comme s’en suit. Savoir Primo : à la cure appartenant à la paroisse
-Une crémaillère
-3 petits chenets
-Une bouchère de four.
Secundo : à l ‘église
-Un tabernacle neuf doré avec retable. (C’est sans doute le tabernacle et retable actuellement placé au-dessus de la sacristie, oeuvre d’après la tradition locale, d’un M.Grand frère de l’abbé Grand mort curé des Crozets, sculpteur à Paris et qui porta sa tête sur l’échafaud)
-Six flambeaux en cuivre
-Une chaire à prêcher en menuiserie, un confessionnal, des fonts baptismaux.
-Une cloche (la petite cloche actuelle de 1698). Deux croix, un bénitier, une clochette, des burettes en étain, un pupitre en chêne, un missel, un graduel et un antiphonaire.
-Une bannière en damas rouge.
-Un encensoir
-Un reliquaire pied cuivre et le surplus en argent.
1921-3
Inventaire de 1790
Après l’inventaire des meubles garnissant l’église, on procède à celui des divers objets et ornements servant au culte.
« Objets ou ornements usagés et sans grande valeur. On note que le Chœur et la sacristie sont voûtés en pierre, le tout bâti à neuf et que la nef qui est très ancienne est voûtée en bois. Quand à la maison curiale, le vœu du curé de MM les officiers municipaux et de tous les habitants de la paroisse serait que MM du district de Saint-Claude voulu bien nommer un commisaire pour juger par lui-même du bâtiment et en dresser verbal pour être envoyé au département.
Pour les titres de bénéfices le sieur curé nous a déclaré n’en avoir aucun, ayant opté pour la portion congrue en 1781. Il nous a produit les titres des fonds grevés des Messes, Offices et Bénédictions, scavoir : (je les ai déjà notés précédemment) Il nous a produit les registres de la paroisse avec des actes notariés de différents particuliers qui doivent en argent des rétributions de messes, offices et bénédictions fondées dont il a déjà donné la déclaration.
Nota -Qu’il y a encore sur le territoire de la paroisse un bien d’Eglise situé sur les levées de Ronchaux dont les titres et baux sont entre les mains de M.Mermlt, curé des Crozets. Lecture faite à M le Curé du présent inventaire, nous lui avons déclaré que nous lui laissions à sa garde tous les meubles, titres et papiers y mentionnés et l’avons requis de signer avec nous ce qu’il a fait audit lieu, les ans, mois jour susdits.André Berré MaireAndré Devaux cadet mayre, etc..Roydor curé d’Etival »
A juger d’après la signature de M Roydor,l e présent acte fut écrit de sa main, l’original se trouve à la Mairie d’Etival.
De tous les fonds portés dans le présent inventaire un seul échappa à la rapacité de l’ogre révolutionnaire qui engloutit tous les biens d’Eglise et fini par la banqueroute. Ce fut un fond dit « au clos » contigu à la cure donné par Angèle Bayard, femme d’ André Mareschal, avec charge de messe et bénédictions. M Jean-Etienne Mareschal fils de la donatrice, homme de loi qui par 242 suffrages sur 259 votants fut élu le premier des électeurs cantonaux pour la nomination d’un député à l’assemblée législative, en reprit possession sous prétexte que les charges n’en étaient plus remplies. Puis lorsque la paix fut rétablie par le Concordat de 1801, il en fit de nouveau cession avec les clauses et charges primitives.
Les autres fonds furent vendus nationalement, je ne saurais dire quels en furent les acquéreurs. D’ailleurs ce qui avait échappé à la révolution de 1790 ne put échapper à celle de 1906
1921-05
Nous sommes arrivés à l’époque de la Terreur.
Ce sont des décrets de la convention 10 novembre 1793 désaffectant les églises, les transformant en temples de la Raison.
Le décret du 13 fructidor an II (30 aout 1794) décrétant la fermeture des églises et l’abolition de tout culte en France.
Je ne sais si à Etival fut fêté et célébrée la fameuse déesse, point divine et si peu raisonnable. Seulement M.Bouguyot prêtre assermenté ne voulant point renoncer à son sacerdoce ainsi que le demandait le même décret de novembre 1793 se retira et se tint caché dans les solitudes du mont de l’Echine comme en témoigne un baptême fait par lui en février 1794 à la chapelle des Piards.
Puis en vertu du décret de fructidor, l’église d’Etival eut à subir bien des outrages et vit ses portes fermées .
Sans doute se vit-elle aussi dépouillée de ses meubles vases sacrés et ornements qui « les fers et les plombs doivent servir à renverser les ennemis de la République- l’or et l’argent à nous procurer chez l’étranger des denrées plus utiles- les ornements d’église inutiles au culte doivent être vendus comme mobilier d’Etat et les linges doivent servir aux aupitaux militaires »
Toutefois l’église ne fut pas vendue nationalement, sans doute parce que vu son état de délabrement, elle n’aurait pas trouvé d’amateur.
La maison presbytérale ne le fut pas d’avantage car à l’époque de la vente des biens d’Eglise, elle était plutôt en reconstruction.
Les croix placées sur le territoire furent-elles abattues ? Je ne le pense pas, puisque à Soucia où l’on conduisit à Orgelet, chef-lieu du district « les oripaux du fanatisme » il ne se trouva personne pour enlever les Croix.
Mais l’Eglise devait être profanée de la façon suivante. En vertu de l’art 3 de la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) chaque commune devait établir « un atelier de fabrication de salpêtre pour confectionner la poudre nécessaire à la défense de la Rép. A Ronchaux c’est un sieur Benoi de Valfin qui prend le marché le 9 juillet 1794.
A Etival ce sont les nommés Mollard et Thévenot et sans doute avec l’autorisation de la municipalité il ne trouvèrent rien de mieux que de s’installer dans l’Eglise.Mais ils avaient comptés sans de courageuses chrétiennes. Elles se concertèrent et afin d’empêcher la sacrilège profanation de l’Eglise se rendirent menaçantes sur les lieux
« ou elles étaient faisant grand bruis tant au devant de l’Eglise que dans l’intérieur et jetaient tous les ustensiles desdits salpetriers dans la rue, lesdits Mollards et Thévenot ont requis ledit citoyen Maire à avoir à dresser procés verbal de ce qui s’est passé et ce pace à leur occasion et à dénoncer les personnes qui sont les principales actrices dans le démeublement de leurs effets. Le citoyen Maréchal maire a reconnut que dans le nombre de toutes les femmes assemblées et qui jetaient les meubles desd’salpétriers sur le carraux étaient les cy-après nommés
La femme de Claude-François Bonneville
La femme de Isidore Mathieu
La fille cadette de Jean-Pierre Chamy
La fille ainée d’Andrée Berrez le jeube et la
Fille ainée de Jean-Etienne Cassabois
que de surplus de la troupe ne faisait que du bruit et ne s’aidaient point au démeublement de tout quoy lesdits Mollard et Thévenot ont requis acte led’maire leur a octroyé les an, jour que dessus et signé. Mareschal.»
1921-06
Ce fut au mois de mai 1794 que se passa la scène racontée dans le précédent bulletin.
Débarrassée par l’énergique intervention de vaillantes chrétiennes de ses sacrilèges profanateurs l’église demeura fermée jusqu’au 18 brumaire (9 novembre 1799), malgré la présence du curé constitutionnel Colin « dont la messe n’était pas fréquentée par les fidèles d’Etival » Ce qui concerne la paroisse au point de vue religieux pendant ces tristes années a été noté dans les n° de 5-6-7-1909
Nous arrivons donc à l’époque du Concordat, époque où fut constituée la paroisse actuelle comprenant Etival Ronchaux et Châtel de Joux ……
(considérations sur les gouvernements et les Francs-maçons)
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